L’histoire du PS s’inscrit dans un long combat, mené de générations en générations, par des femmes et des hommes qui ne se sont jamais résignés à l’injustice, la déraison, les inégalités qui sévissent un peu partout dans le monde.
La connaissance de notre passé commun est indispensable, non seulement pour tirer des enseignements pour aujourd’hui et pour demain, mais aussi pour prendre la véritable mesure de notre action. Des origines à Épinay, du congrès de Tours à la recomposition de la gauche socialiste, retour sur plus d’un siècle d’histoire.
Les débuts du mouvement socialiste
De l’idéal au réel…
C’est dans la première partie du XIXe siècle qu’apparaissent les premiers courants socialistes en France. Les premiers théoriciens socialistes (Saint-Simon, Fourier, Cabet, Leroux) manifestent une grande imagination ; d’où leur appellation posthume de «socialistes utopiques». Beaucoup de leurs intuitions méritent encore l’intérêt mais leur influence dans les milieux populaires demeure marginale.
Au-delà de l’utopie, la réalité s’exprime dans toute sa dureté. Les nouvelles conditions de travail, engendrées par la révolution industrielle, entraînent des explosions de misère durement réprimées : révolte des canuts lyonnais en 1831, journées de juin 1848, Commune de Paris en 1871…, autant d’événements qui mettent au premier plan la «question sociale».
La révolution de 1848 fait apparaître des divergences entre les démocrates socialistes favorables à la réforme (Ledru-Rollin, Louis Blanc) et les partisans de la violence (Blanqui, Barbès) qui considèrent celle-ci comme le seul moyen susceptible de permettre un changement profond du système économique et social.Le combat pour la république, contre la monarchie censitaire puis contre le second Empire, se conjugue alors avec la lutte contre les nouvelles conditions de travail et de vie engendrées par la première révolution industrielle. La gauche républicaine s’organise et cherche à effectuer une synthèse entre la tradition montagnarde de la révolution de 1789-1793 et les questions sociales que le mouvement ouvrier naissant fait surgir.
La structuration du mouvement ouvrier : du syndical au politique
L’influence des idées anarchisantes et fédéralistes de Proudhon se fait sentir dans la création des premières structures d’organisation. La reconnaissance du droit de grève en 1864 favorise le développement d’un mouvement ouvrier. Mais la violente répression de la Commune décime la Section française de la première internationale, créée en 1864, qui regroupait une élite de militants ouvriers.
La IIe internationale est constituée en 1889 à Paris. L’influence de Karl Marx, notamment par l’intermédiaire de son compagnon de lutte, Friedrich Engels, y est d’abord dominante. Cependant, les idées libertaires et anarcho-syndicalistes continuent à influencer une partie du mouvement ouvrier, qui manifeste sa méfiance à l’égard de la politique et le rejet de toute forme de « courroie de transmission ».
Après la reconnaissance du droit syndical en 1884, la Confédération générale du travail (CGT) se constitue en 1895. En 1906, elle adopte la “Charte d’Amiens” qui consacre le principe de l’indépendance du syndicalisme par rapport au socialisme politique.
De là découle l’absence de liens organiques entre partis et syndicats qui distingue fortement le socialisme français de la social-démocratie de l’Europe du Nord. Ceci n’empêche pas l’adhésion du mouvement ouvrier au fonds commun républicain (cf les grandes lois républicaines : enseignement et presse en 1881, liberté syndicale en 1884, liberté d’association en 1901, séparation de l’église et de l’Etat en 1905, etc.).
Le socialisme politique s’unifie en 1905 avec la fusion des courants socialistes (guesdistes, blanquistes, réformistes…) dans la nouvelle Section française de l’internationale ouvrière (SFIO). Peu à peu, Jean Jaurès s’impose comme la figure majeure du socialisme français, par sa formation intellectuelle et philosophique, par son combat pour l’unité, par sa capacité de synthèse entre la république et le socialisme, entre le patriotisme et l’internationalisme, entre les idées marxistes (dont se réclame principalement Jules Guesde) et la tradition de la Révolution française. La SFIO, qui se veut parti ouvrier, a acquis une large base électorale et militante : les paysans, les ouvriers, les artisans côtoient les intellectuels et les fonctionnaires. Elle conquiert aussi ses premiers bastions électoraux et initie le socialisme municipal.
La SFIO de 1905 à 1958
Le socialisme politique s’unifie en 1905 avec la fusion des courants socialistes (guesdistes, blanquistes, réformistes…) dans la nouvelle Section française de l’internationale ouvrière (SFIO). Peu à peu, Jean Jaurès s’impose comme la figure majeure du socialisme français, par son combat pour l’unité, par sa capacité de synthèse entre la république et le socialisme, entre le patriotisme et l’internationalisme, entre les idées marxistes dont se réclame principalement Jules Guesde et la tradition de la Révolution française. La SFIO, qui se veut parti ouvrier, a acquis une large base électorale et militante : les paysans, les ouvriers, les artisans côtoient les intellectuels et les fonctionnaires.
Le double choc : 1914 et 1917
Les principes de l’internationalisme et du pacifisme portés jusqu’alors par le mouvement ouvrier et la IIe Internationale sont remis en question par l’adhésion de la SFIO et de la CGT à la politique d’union sacrée. Cependant, la durée de la guerre, les sacrifices et désillusions qu’elle entraîne, vont faire germer une opposition qui s’organise lors de la conférence de Zimmerwald en septembre 1915. En 1917, la révolution russe accentue une poussée à gauche dans le parti et la «majorité de guerre» est renversée. La SFIO, profondément traumatisée et divisée, se trouve donc devant le choix de l’adhésion à la IIIe Internationale, dirigée par Lénine et les bolchéviques.
Le congrès de Tours et « la vieille maison »
Le congrès de Tours de décembre 1920 survient après l’échec électoral de 1919 (chambre «bleu horizon») et l’échec syndical des grandes grèves de 1920. Par ailleurs, les bolchéviques croient à la possibilité d’une révolution mondiale et recherchent la constitution d’une avant-garde révolutionnaire dans chaque pays, avec notamment les 21 conditions d’adhésion à la IIIe Internationale, imposées par Lénine et présentées par Zinoviev.
Les conditions d’une scission sont réunies : le congrès voit l’opposition entre une réaffirmation de la tradition socialiste française (démocratie interne et respect du suffrage universel), telle que l’avait établie Jaurès (discours de Blum) et une volonté révolutionnaire (adhésion à la IIIe Internationale et acceptation du “modèle” bolchévique). Les trois-quarts des congressistes acceptent les 21 conditions. Ils quittent la SFIO pour créer le Parti communiste français (SFIC-PCF). Cette fracture entre communistes et socialistes se retrouve sur le terrain syndical avec la cassure entre la CGT (proche de la SFIO) et la CGT-U (dite «unitaire», liée au PCF).
Pour tous ceux qui avaient décidé de garder la «Vieille Maison», la tâche était difficile : 20 000 adhérents seulement étaient restés, parmi eux de nombreux élus et des cadres fédéraux. Sous la houlette de Léon Blum et de Paul Faure, la SFIO devient en quelques années la première force de la gauche. Son alliance avec les radicaux permet l’élection d’une majorité de gauche à l’assemblée : le cartel des gauches (1924-1926). La SFIO pratique alors pour la première fois le «soutien sans participation» au gouvernement. Jusqu’au Front populaire, la SFIO est un parti qui oscille entre discours révolutionnaire et pratiques réformistes et parlementaires.ni purement réformiste ni réellement révolutionnaire.
En 1933, s’ouvre une crise interne au sein de la SFIO qui débouche sur une scission en novembre. Les néo-socialistes (Déat, Marquet) quittent le parti, mais ils sont discrédités en raison de leur complaisance envers le modèle fasciste qui se terminera par de graves compromissions avec la Révolution Nationale de Vichy. En contrepoint, on assiste à un gauchissement du parti et l’affirmation de deux tendances de gauche, l’une autour de Zyromski, et l’autre avec Marceau Pivert.
L’offensive de la droite et la menace fasciste, à partir du 6 février 1934, ouvrent les voies à un mouvement populaire d’ampleur, et bientôt, avec le changement d’orientation décidé par l’Internationale communiste, à l’unité d’action avec le PCF.
Le Front Populaire
Cette union se concrétise le 14 juillet 1935 au cours d’une cérémonie où des délégués de toute la France prêtent le serment du Rassemblement populaire. Pour la SFIO, comme pour le PCF, il ne s’agissait pas de construire le socialisme. Le Front populaire a été ce grand mouvement défensif et réformiste qui, dans une coalition originale, a regroupé socialistes, communistes, radicaux et syndicalistes de la CGT réunifiée depuis mars 1936, auxquels il faut ajouter de nombreuses associations de gauche, comme la Ligue des droits de l’homme.
Après les élections victorieuses du 3 Mai 1936, le gouvernement dirigé par Léon Blum, porté par une grande vague de grèves populaires, réalise à travers les accords Matignon un large ensemble de réformes sociales – augmentation des salaires, conventions collectives, congés payés, semaine de 40 heures – dont certaines ont changé le visage de la France. Les difficultés économiques, une certaine forme de « mur d’argent » et les rigidités de l’appareil de production amènent le gouvernement à pratiquer une “pause” dans les réformes sociales. La question de l’intervention dans la guerre d’Espagne à l’été 36 divise socialistes et communistes tandis que les premières réformes étant réalisées, les radicaux se raidissent.
Les derniers mois du premier gouvernement Blum voient une dégradation de la situation et une diminution de la confiance populaire dans un contexte international tendu. Mis en minorité devant le Sénat en Juin 1937, le gouvernement démissionne.
Le Front populaire survit difficilement, Munich et l’échec de la grève de novembre 1938 signent son éclatement définitif. Le bilan du Front populaire est très positif sur le plan social. Il marquera profondément la société française jusqu’au 10 mai 1981. Mais il se termine plus mal politiquement, dans le contexte institutionnel fragile de la troisième République.
La SFIO sort exsangue et divisée de ces deux années, perdant même sa position d’organisation dominante au sein du mouvement ouvrier français au profit du Parti communiste. La défaite voit le désarroi de la SFIO et seule une minorité du groupe parlementaire, autour de Léon Blum, en juillet 1940, refuse les pleins pouvoirs à Pétain, il est vrai dans des conditions de pressions politiques et même physiques épouvantables.
De la Résistance à la Libération
Les socialistes se ressaisissent et s’organisent dès 1940 sous l’impulsion, notamment, de Daniel Mayer. Présent dans les réseaux de résistance et les maquis, luttant contre l’occupant et les collaborateurs, durement frappé par la répression jusqu’au jour de la libération, le Parti socialiste clandestin joue un rôle essentiel dans la résistance. Léon Blum, avant d’être déporté, donne l’exemple par son comportement courageux au cours du procès de Riom, obligeant Vichy à l’interrompre en mars 1941. Des membres de la SFIO siègent au Conseil national de la résistance (CNR). Beaucoup s’illustrent dans la Résistance, sur le terrain, à l’instar d’Augustin Laurent, Gaston Defferre, Edouard Soldani, Adrien Tixier, Guy Mollet.
Les socialistes participent au gouvernement avec le Général de Gaulle jusqu’en janvier 1946 puis, selon la formule du tripartisme (SFIO, PCF, MRP), jusqu’en mai 1947.
Les réformes de structure réalisées à la Libération et pendant le tripartisme ont été importantes et continuent de modeler le visage de la France moderne : vote des femmes, nationalisations, sécurité sociale, comités d’entreprise…
Guerres froides et guerres coloniales
Occupée d’abord à la reconstruction du pays et à la création d’une nouvelle démocratie parlementaire, la SFIO se trouve rapidement confrontée, à l’intérieur, au problème de la concurrence communiste et, à l’extérieur, à la constitution des deux grands blocs antagonistes. Aux élections de 1945, le PCF dépasse pour la première fois l’influence électorale de la SFIO (26 contre 24 %). Le congrès de septembre 1946 se tient alors que le parti traverse une grave crise d’identité. Guy Mollet anime une tendance de gauche composite qui met en minorité la direction sortante (Daniel Mayer) soutenue par Léon Blum.
Ce dernier propose au parti -mais trop tardivement- de rechercher comment la transformation socialiste peut s’accomplir par la voie démocratique. Refusant de céder à «la peur du qu’en dira-t-on communiste» le vieux leader invite le parti à être d’abord lui-même. Guy Mollet, quant à lui, affirme sa fidélité à la doctrine marxiste, à la lutte des classes, à l’unité d’action avec le PCF et condamne les « révisionnismes ».
Pour Léon Blum et les socialistes assurant des responsabilités gouvernementales, le souci majeur reste l’instauration du nouveau régime parlementaire sur le plan intérieur et, à l’extérieur, la recherche d’une troisième voie entre le modèle américain et le modèle soviétique. Ainsi se comprennent les efforts pour créer une Europe forte et indépendante.
En mai 1947, le PCF quitte le gouvernement, refusant à la fois la politique indochinoise et le partage de responsabilités gouvernementales de plus en plus lourdes du fait de la grave situation économique et sociale. Dès l’automne 1947, le PCF mène une virulente campagne anti-socialiste et s’affirme comme parti totalement inféodé au bloc de l’Est.
La SFIO, engluée dans la 3e force (alliance avec les radicaux et le MRP en opposition à la fois aux gaullistes et aux communistes), connaît un effritement de ses positions électorales et un déclin militant.
En 1954, c’est Pierre Mendès France, alors membre du Parti radical socialiste, qui paraît incarner le renouveau de la gauche non communiste. Il gouverne 7 mois et 17 jours. Il conclut la paix en Indochine deux mois et demi après l’échec militaire du 8 mai 1954 et acte l’indépendance de la Tunisie. Les difficultés et les drames de la guerre de l’Algérie amènent les socialistes à prendre la direction d’un gouvernement de Front républicain en janvier 1956. Les réalisations sont notables – traité de Rome sur la CEE, 3e semaine de congés payés… – mais toute l’action politique du gouvernement de Guy Mollet est hypothéquée par la guerre d’Algérie sous la pression des « ultras ». Le durcissement de la guerre conduit Pierre Mendès France et Alain Savary à quitter le gouvernement. La SFIO sort profondément divisée et coupée de la jeunesse. La IVe République ne survit pas au coup de force des militaires à Alger qui, en mai 1958, ramène de Gaulle au pouvoir.
De la division à l’union de la gauche, 1958-1971
L’attitude vis-à-vis du régime gaulliste et de la constitution de la Vème République suscite un nouveau clivage. Une minorité de la SFIO, des élus de la gauche républicaine comme François Mitterrand et Pierre Mendès France, se dressent contre le «coup d’Etat du 13 mai». Les minoritaires de la SFIO quittent le parti et fondent le Parti socialiste autonome, dirigé par Edouard Depreux et Alain Savary, alors que le secrétaire général de la SFIO, Guy Mollet devient ministre d’État du Général de Gaulle.
En 1960, le PSA fusionne avec de petits mouvements de chrétiens de gauche et de dissidents communistes, l’Union de la gauche socialiste (Gilles Martinet, Claude Bourdet), Tribune du Communisme (Jean Poperen) pour former le Parti socialiste unifié (PSU).
François Mitterrand crée la Convention des institutions républicaines (CIR) avec Charles Hernu, Pierre Joxe et Louis Mermaz en 1964, alors que la même année le mouvement syndical engage son renouvellement : la CFTC se divise, aboutissant à la création de la CFDT sous l’impulsion d’Eugène Descamps. Cette période voit naître un grand nombre de clubs politiques de gauche, Club Jean Moulin, Citoyens 60…
Grande fédération ou union de la gauche ?
A l’approche de l’élection présidentielle de 1965, la SFIO semble hésiter longtemps sur la stratégie à adopter. Gaston Defferre, soutenu par le centre et le centre gauche, songe un moment à être candidat : la candidature de Monsieur «X» échoue du double fait du MRP et de la SFIO (échec de la “grande fédération”), en particulier sur la question scolaire.
Dès 1965, François Mitterrand et la CIR proposent une candidature de gauche non communiste. Un rassemblement s’opère à travers la Fédération de la gauche démocratique et socialiste (FGDS) qui aboutit à la candidature de François Mitterrand. Il sera soutenu dès le premier tour par le PCF, puis, à un degré moindre, par le PSU.
François Mitterrand obtient 32 % des voix au premier tour, à la surprise générale, mettant ainsi de Gaulle en ballotage et 45 % des voix au second tour. La gauche relève la tête et reprend espoir. 2 millions de voix séparent les deux finalistes de la première élection présidentielle au suffrage universel direct. La stratégie d’union de la gauche est la réponse aux institutions de la Vème République.
En 1966, la FGDS publie son programme et passe avec le PCF un accord électoral de désistement républicain au profit du candidat de gauche le mieux placé à l’issue du premier tour. Cet accord est efficace puisqu’il amène l’opposition à un siège de la majorité lors des élections législatives de 1967.
La crise de mai 1968 affaiblit la FGDS qui n’a pas pu prendre en charge les interrogations du moment. Après l’échec du référendum et le départ de De Gaulle en 1969, le Nouveau Parti socialiste né au congrès d’Alfortville désigne Gaston Defferre comme candidat à la présidence de la République. Alain Savary est élu Premier secrétaire du parti de 1969 à 1971.
L’échec du tandem formé par Gaston Defferre et Pierre Mendès France (un peu plus de 5 % des voix, tandis que Michel Rocard, alors candidat du PSU obtient 3,6 % des voix) précipite la recomposition du parti. Le PS s’élargit à Issy-les-Moulineaux : formé de la SFIO (Guy Mollet, Pierre Mauroy, Gaston Defferre, Jean-Pierre Chevènement dans la minorité), de l’URCG (Alain Savary) de l’UCGS (Jean Poperen), il fait de l’unité de la gauche un axe politique.
D’Épinay à l’Élysée – 1971 – 1981
1971-1974 : la réunification de la famille socialiste
C’est le congrès d’Epinay, en 1971, qui marque l’étape la plus importante de l’unité et de la rénovation du socialisme. Au PS s’agrègent désormais la CIR et une partie du «courant chrétien». Le congrès d’Epinay élit François Mitterrand comme Premier secrétaire et donne mandat à sa direction pour préparer un accord de gouvernement avec le PCF.
En mars 1972, la Convention de Suresnes adopte le programme «changer la vie» et le nouvel emblème du Parti socialiste « Le poing et la rose ». En juin, le programme commun est signé avec le PCF et contresigné par les radicaux de gauche peu après, à la faveur d’une scission du Parti Radical. En mars 1973, les élections donnent près de 48 % des voix à la gauche, PSU compris.
En 1974, après la mort de Georges Pompidou, François Mitterrand est à nouveau le candidat unique de la gauche. Il échoue de peu face à Valéry Giscard d’Estaing (49,2 % des voix au second tour) et ce résultat marque la progression des socialistes et des forces de gauche dans le pays.
Cette dynamique précipite le rassemblement des courants socialistes, qui se concrétise aux “Assises du socialisme”, en octobre 1974, avec l’entrée d’une partie du PSU (Michel Rocard, Robert Chapuis), de membres de la CFDT (Jacques Chérèque, Jacques Delors, Michel Rolant) et de la 3e composante (Vie nouvelle, groupes d’action municipale, objectif socialiste…) qui rejoignent, pour l’essentiel, la majorité du parti.
Au congrès de Pau, en 1975, le CERES de Jean-Pierre Chevènement cesse de faire partie de la majorité du parti et constitue désormais la minorité.
De l’union aux désillusions
Aux élections cantonales de mars 1976, puis aux municipales de 1977, le PS démontre qu’il est devenu le premier parti de France. À partir de 1977, le PCF entame une vaste campagne de surenchères (sur le SMIC, les nationalisations…) et de dénigrement du PS. Il prend ainsi la responsabilité de la rupture de l’union de la gauche qui survient le 23 septembre 1977 et aboutit quelques mois plus tard à l’échec de la gauche aux élections législatives de mars 1978, en dépit d’un score supérieur à 50% des suffrages au premier tour.
Lors du congrès de Metz, en 1979, deux coalitions s’affrontent : “mitterrandistes” et CERES d’un côté, “rocardiens” et “mauroyistes” de l’autre. L’enjeu est double : future élection présidentielle stratégie politique avec le PCF et ligne politique. La ligne défendue par François Mitterrand demeure majoritaire (Union de la gauche et affirmation de la volonté de rupture avec le capitalisme). En 1980, le parti élabore un projet qui développe l’orientation majoritaire de Metz, « comprendre, vouloir, agir ».
De 1971 à 1981, les débats du Parti socialiste tournent essentiellement autour de la question de l’union de la gauche et des rapports avec le Parti communiste.
En 1981, cette question perd de l’importance au profit des problèmes concernant la politique et la pratique gouvernementales. Comment concilier impératifs de gestion et volonté de transformation, contraintes économiques et avancées sociales ?
L’épreuve du pouvoir – 1981-1995
Le premier septennat
Le 10 mai 1981, l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République ouvre une période nouvelle dans l’histoire du socialisme français. C’est la première alternance politique entre la gauche et la droite sous la Ve République. Les élections législatives de juin sont un triomphe pour le PS : pour la première fois de son histoire, il obtient la majorité absolue à l’Assemblée nationale et devance nettement le PCF qui enregistre un recul certain. Pierre Mauroy forme un gouvernement auquel participent quatre ministres communistes, dont Charles Fitermann numéro 2 du PCF à l’époque.
Lionel Jospin succède à François Mitterrand à la direction du Parti.
Dans un premier temps, des mesures importantes conformes aux 110 propositions du candidat Mitterrand sont adoptées (abolition de la peine de mort, augmentation sensible du SMIC, du minimum vieillesse et des allocations familiales, possibilité de prendre sa retraite à 60 ans, nationalisations, décentralisation, nouveaux droits des travailleurs, etc.).
Mais rapidement, la crise économique internationale et les faiblesses persistantes des entreprises françaises conduisent le gouvernement de Pierre Mauroy à opter dès 1982, et surtout en 1983, pour une politique de “ rigueur économique ”et la désintexation des salaires. Ces décisions découlent du choix fondamental de l’économie ouverte et de la construction européenne.
Les effets positifs de cette politique qui privilégie le renforcement de notre économie se font peu à peu sentir, sauf sur le front du chômage (ce qui entraîne une baisse de la popularité des socialistes). Ceux-ci enregistrent de sévères reculs lors des élections municipales de 1983 et européennes de 1984. Cette même année, la crise de l’école privée contribue à affaiblir le gouvernement et le PS. Le PCF critique de plus en plus nettement la politique du gouvernement auquel il participe.
En juillet 1984, Laurent Fabius remplace Pierre Mauroy comme Premier ministre et forme un gouvernement auquel les communistes refusent de participer. Il définit une politique qui allie la modernisation et la solidarité.
Le Congrès de Toulouse, en 1985, traduit l’évolution idéologique et politique du parti. Les socialistes perdent les élections législatives de 1986 mais réalisent un bon score (32 % des voix). François Mitterrand demeure président de la République et nomme Jacques Chirac à la tête du gouvernement.
De 1986 à 1988 c’est la « cohabitation ». Le Parti socialiste est dans l’opposition.
Le deuxième septennat
Le 8 mai 1988, François Mitterrand, à l’issue d’une campagne offensive, est réélu président de la République avec 54 % des voix. Le candidat socialiste, qui a fait campagne sur le thème de la “France unie”, se prononce pour une certaine ouverture de la majorité. Les élections législatives donnent une majorité relative au PS.
Michel Rocard est nommé Premier ministre. En intégrant des personnalités dites d’ouverture, issues de la “ société civile ” et du centre, son gouvernement reflète la réalité de la majorité présidentielle, mais le PS est le seul grand parti à le soutenir.
Dans le parti, le départ de Lionel Jospin du Premier secrétariat provoque des tensions au sein du courant majoritaire mitterrandiste. Pierre Mauroy est élu Premier secrétaire contre Laurent Fabius. Deux ans plus tard, le congrès de Rennes voit s’opposer durement les partisans de la motion 1 (Mauroy-Mermaz-Jospin) et ceux de la motion 5 (Laurent Fabius) après l’éclatement du courant Mitterrandiste. Finalement, Pierre Mauroy est réélu à l’unanimité après une synthèse générale qui associe à la direction du parti l’ensemble des courants qui s’étaient exprimés à travers la présentation de sept motions différentes.
Pierre Mauroy mène à bien une double modernisation :
- Une modernisation statutaire et une réactualisation de la déclaration de principes au congrès de Rennes.
- Une modernisation idéologique avec le congrès de l’Arche consacré au projet socialiste, en décembre 1991.
Par ailleurs, le PS se dote de nouveaux outils : création de la Fondation Jean Jaurès, du Centre Condorcet et de l’hebdomadaire “Vendredi”.
Entre 1988 et 1992, le président de la République et les gouvernements de Michel Rocard (mai 1988 – juin 1991) puis d’Édith Cresson (juin 1991 – mars 1992) ont donné, à l’extérieur, la priorité à la construction européenne et à la définition d’un nouvel ordre international, après la fin de la guerre froide, l’effondrement du communisme en Europe et l’épreuve de la première guerre du Golfe. À l’intérieur, les gouvernements se sont attachés à remplir les engagements pris par François Mitterrand en 1988 dans la “Lettre à tous les Français”. (cf chapitre consacré au bilan).
Le début de l’année 1992 est marqué par de grands changements. Pierre Mauroy quitte la direction du PS, Laurent Fabius lui succède à l’issue du comité directeur du 9 janvier 1992 et fixe trois objectifs : rénover le parti, rassembler les socialistes et réformer la société française.
Après une défaite électorale sévère aux élections cantonales et régionales de mars 1992, Pierre Bérégovoy est nommé Premier ministre. Son gouvernement dégage trois grandes priorités : lutte contre la corruption, lutte contre le chômage de longue durée, lutte contre l’insécurité.
Pierre Bérégovoy s’attache également à promouvoir un franc stable. Il réorganise la politique financière et le marché des capitaux pour recréer des conditions économiques saines permettant aux entreprises de reconquérir des parts de marché et de parvenir à renouer ainsi avec l’emploi.
Le congrès extraordinaire de Bordeaux, en juillet 1992, adopte le programme, inspiré du projet, pour les élections législatives de 1993. La réforme des statuts «pour le renouveau du parti» fait l’objet d’un consensus entre tous les courants.
Si la période 1981-1993 a été, pour le socialisme français, celle de la transformation réussie en un parti de gouvernement, celui-ci n’échappe cependant pas à l’usure du pouvoir, au discrédit dû au climat des «affaires» et à une situation économique difficile avec trois millions de chômeurs sont recensés.
Le PS (avec l’ensemble de la gauche) connaît une sévère défaite aux élections législatives de mars 1993. La droite obtient près de 480 sièges sur 577. le parti socialiste n’a plus que 56 sièges (contre 278 dans l’assemblée précédente).
Le Parti socialiste, bien que restant le premier parti à gauche, prend conscience de la nécessité de sa remise en cause et de sa reconstruction pour redresser son influence dans son électorat et notamment dans les milieux populaires.
Après le comité directeur du 3 avril 1993 et la démission collective de la direction, une direction provisoire se met en place, présidée par Michel Rocard, qui décide la réunion d’états généraux du parti. Quelques jours plus tard, le parti socialiste subit un deuil cruel lorsque le 1er mai 1993, Pierre Bérégovoy choisit de se donner la mort à Nevers.
Aux états généraux de Lyon, en juillet 1993, la parole est donnée aux militants et sympathisants sur le bilan, le projet, la stratégie et le militantisme aujourd’hui. Les fédérations envoient 2358 délégués (militants et sympathisants) à Lyon. La procédure, inédite, est une réussite, et le rapport final est approuvé à la quasi-unanimité. Les états généraux confirment l’unité du parti remobilisé, sa stratégie de rassemblement à gauche et un redéploiement dans les réseaux associatifs et professionnels.
Au congrès du Bourget, en octobre 1993, trois textes sont soumis aux militants. La motion «Refonder» présentée par Michel Rocard, propose des options différentes sur cinq questions (réduction du temps de travail, commerce international, institutions européennes, institutions, mode de scrutin) sur lesquelles seuls les militants votant pour ce texte se prononcent. Elle obtient 83% des voix. Les deux autres motions défendues respectivement par Jean Poperen et Louis Mermaz obtiennent 11% et 6%.
Le parti définit son programme sur trois thèmes principaux «réduction du temps de travail – nouvelle donne européenne – égalité continue des chances» et s’engage dans la préparation des Assises de la transformation sociale. Son Premier secrétaire est élu pour la première fois par le congrès au suffrage direct. Michel Rocard, confirmé à la direction du Parti par 80,92 % des votes du congrès, annonce qu’il conduira la liste socialiste aux élections européennes, pour laquelle la parité «un homme – une femme» sera respectée.
Le redressement marqué par les élections cantonales de mars 1994 ne se confirme pas aux élections européennes de juin. La liste conduite par Michel Rocard n’obtient que 14,6 % des voix, talonnée par la liste de Bernard Tapie ( plus de 12%). Au conseil national du 19 juin, Michel Rocard est mis en minorité et un nouveau Premier secrétaire, Henri Emmanuelli, est élu. Il est confirmé par le vote des délégués au congrès de Liévin en novembre 1994. La motion présentée par Henri Emmanuelli recueille 92,15 % des voix contre une motion défendue par de jeunes militants, qui regroupe 7,85 % des voix.
Henri Emmanuelli met en avant une volonté d’opposition au libéralisme dominant.
Mais ce même congrès de Liévin, marqué à gauche, est également dominé par la perspective d’une candidature présidentielle de Jacques Delors, encore président de la Commission européenne.
En décembre, le retrait de Jacques Delors ouvre une période incertaine. Pour la première fois dans l’histoire, deux candidats à la candidature s’ affrontent devant les militants: Henri Emmanuelli et Lionel Jospin qui sont départagés par un vote direct et secret des militants. Le vote avantage largement Lionel Jospin. Ce dernier se trouve investi lors d’une convention de désignation le 5 février 1995, qui marque le lancement de la campagne présidentielle. Trouvant un ton juste, alliant volonté réformatrice et réalisme, exerçant un «droit d’inventaire» sur le bilan socialiste, Lionel Jospin parvient en tête des candidats du premier tour, avec plus de 23 % des voix et rassemble 47,3 % des suffrages au second tour. Ce succès relatif et, parallèlement, le départ de François Mitterrand (qui disparait quelques mois plus tard, le 8 janvier 1996) de la présidence de la République, inaugurent une nouvelle période pour l’histoire du Parti socialiste.
La gauche plurielle et le choc du 21 avril (1995 – 2002)
Après la campagne présidentielle, Henri Emmanuelli propose en juin 1995, de laisser à Lionel Jospin la responsabilité de conduire les socialistes.
Après un temps de réflexion, ce dernier accepte à la double condition de réaliser l’unanimité des composantes du parti et de pouvoir mener à bien une rénovation approfondie des idées et des structures.
Une commission de rénovation se met en place et travaille tout l’été. Elle propose un programme de réformes. Celui-ci, comme l’élection de Lionel Jospin, Premier secrétaire, est soumis au vote direct et secret des militants lors de la Convention nationale du 14 octobre 1995.
Après la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Jacques Chirac le 21 avril 1997, le Parti socialiste est prêt à faire face aux échéances. Après un premier tour favorable le 25 mai, la gauche obtient avec 320 sièges le 1er juin 1997 la majorité à l’Assemblée nationale avec les élus du Parti socialiste, du Parti communiste, des Radicaux de Gauche, des Verts et du Mouvement des Citoyens.
Lionel Jospin forme son gouvernement, où toutes les composantes parlementaires de la gauche sont représentées. Une nouvelle période de cohabitation commence. François Hollande succède à Lionel Jospin comme Premier secrétaire délégué du Parti.
Aux législatives des 9 et 16 juin 2002 sur le thème « Choisissons le progrès, en avant la gauche », les candidats socialistes obtiennent tout de même 25 % des suffrages exprimés et 149 députés, mais le taux d’abstention est de 39,71 %. Dès lors, le Parti s’engage dans un travail de réflexion critique sur son action et s’organise pour être l’axe d’une reconstruction de la gauche, capable de reconquérir la confiance d’une majorité de Français, notamment les plus démunis, en redonnant l’espoir.
À la suite de ce séisme du 21 avril 2002, 25 000 nouveaux adhérents, dont 40 % de moins de 40 ans, viennent renforcer les rangs du Parti. Un grand « débat militant » s’engage dans les sections et les fédérations dont les « paroles militantes » sont recueillies, le dimanche 15 décembre 2002, à Montreuil, en vue de la préparation du Congrès de Dijon des 16, 17, et 18 Mai 2003. La nature et l’ambition du Parti sont définies comme un réformisme de gauche.
1997 – 2002 : tenir nos engagements
Alors que le gouvernement de la gauche plurielle met en œuvre avec succès le programme sur lequel il a été élu : emplois-jeunes, 35 heures, CMU, augmentation du pouvoir d’achat, PACS et surtout baisse sensible du chômage.
Le Parti affronte victorieusement quatre scrutins majeurs : les élections régionales, cantonales, sénatoriales et européennes. Le référendum sur le Quinquennat du 24 septembre 2000 lui permet d’atteindre un de ses objectifs, dans la perspective d’une démocratisation de nos institutions.
Le Parti s’ouvre également à l’action internationale. Le 27 mai 1999, le premier meeting des socialistes européens se tient à Paris en soutien à la liste conduite par François Hollande «Construisons notre Europe». En novembre 1999, Paris accueille le congrès de l’Internationale Socialiste et celui de l’Internationale Socialiste des femmes. Lionel Jospin à la tête d’une importante délégation française défend un «socialisme moderne» au «sommet des modernisateurs», à Florence, puis à Berlin.
Le Congrès de Grenoble, «S’engager pour une France plus juste», en novembre 2000 permet de mesurer le chemin parcouru et de définir les objectifs de la nouvelle étape. La lutte pour le plein-emploi et contre le travail précaire demeure l’objectif numéro un des socialistes. Mais la croissance retrouvée pose le problème d’une plus juste répartition des richesses. Trois motions sont soumises au vote des militants. La première présentée par François Hollande et la grande majorité du Secrétariat national recueille 72,94 % des voix. La troisième présentée par Henri Emmanuelli et Alain Vidalies (ex-courant Poperen) obtient 13,78 % ; la seconde présentée par la «Gauche Socialiste» obtient 13,28 %.
François Hollande est réélu par les militants comme Premier secrétaire du Parti.
Uni et en ordre de bataille, le Parti est prêt à affronter les grandes échéances électorales de 2001 et 2002.
Neuf engagements sont pris : l’emploi et les nouvelles technologies, le logement, l’environnement et les transports, la culture et le patrimoine, la solidarité et la santé, la sécurité, le sport, l’éducation, la citoyenneté.
Aux élections municipales de mars 2001, 58 villes de plus de 20 000 habitants ont changé de direction, avec un avantage indiscutable à la droite : 39 villes sont passées de gauche à droite et 19 de droite à gauche. Cette situation est compensée par trois succès de taille : les villes de Paris, Lyon et Dijon, mais aussi Auxerre, Ajaccio, Tulle.
Lors des cantonales, dans le même temps, le Parti a remporté 6 présidences de Conseils généraux. Une progression de 20 % soit 37 départements dirigés par la gauche, 3 passant à droite.
Dès juin, le Parti entre dans la préparation active du « Projet des Socialistes », confié à Martine Aubry. Ce cycle de réflexions et de débats rythme l’engagement des socialistes jusqu’à la fin 2001.
Le tremblement de terre du 21 avril 2002
La tragédie du 11 septembre 2001 qui est venue frapper les Etats-Unis, au cœur de leur territoire n’épargne pas la France et une vague de peur du terrorisme secoue la planète.
L’Internationale socialiste, réunie le 6 octobre 2001, consacre la majeure partie de son travail à la paix, à la sécurité dans le monde et à la lutte contre le terrorisme international.
Désigné candidat en février 2002, malgré la fidélité à la parole donnée et un bilan positif, Lionel Jospin est battu dès le premier tour. Avec 16,18%, il arrive derrière Jean-Marie Le Pen qui obtient 16,86 %, tandis que Jacques Chirac n’obtient que 19,88%. C’est un choc terrible pour les socialistes. Pour la première fois, il nous a fallu choisir de voter pour le candidat de la droite afin de réduire au minimum le score de l’extrême droite.
Reconstruire – 2002 – 2008
L’enjeu du congrès de Dijon ? Pour les socialistes, il s’agit d’essayer de tourner la page du 21 avril, où Lionel Jospin s’est retiré de la vie politique. Cinq motions présentent aux militants leurs diagnostics sur la période passées, et leurs propositions pour le futur.
Celle de François Hollande l’emporte avec 61,37 % des voix. En l’absence de synthèse, le Nouveau Parti socialiste d’Arnaud Montebourg et de Vincent Peillon (16,88%), Forces militantes de Marc Dolez (4,38%), Nouveau monde de Henri Emmanuelli (16,33%) et Utopia de Frank Pupunat (1,05%) ne participent pas à la nouvelle direction, dont François Hollande reste le Premier secrétaire.
Dans une période difficile pour la gauche, le PS s’efforce de jouer pleinement son rôle de première force d’opposition à la politique du gouvernement Chirac-Raffarin et du MEDEF. Reparti à la conquête de l’électorat populaire, qui lui a fait défaut en 2002, il soutient les luttes des salariés : enseignants, fonctionnaires, chercheurs, salariés du privé victimes de licenciements collectifs, intermittents du spectacle, étudiants. Les socialistes défendent la laïcité, en exigeant l’interdiction des signes religieux ostentatoires à l’école.
Au Parlement et dans la rue, il a opposé ses propres propositions de réformes aux mesures de régression sociale voulue par la droite. Cette opposition frontale porte ses fruits. Les élections de l’année 2004 sont historiques pour le parti :
- Aux régionales, le PS emporte 24 régions sur 26.- Aux cantonales, il conquiert, pour la première fois, la majorité des présidences de Conseils généraux (52 contre 49 à la droite).
- Aux européennes, les socialistes recueillent 28,89 % des voix et 31 sièges au Parlement Européen. Mais le taux d’abstention est de 57, 21 %.
- Aux sénatoriales, 7 sénateurs/trices socialistes supplémentaires sont élus.
Du 29 mai 2005 au congrès du Mans
À l’automne 2004 et tout au long de l’année 2005, la question de la ratification du Traité Constitutionnel européen divise profondément les socialistes entre partisans du « oui » et partisans du « non » au référendum annoncé par Jacques Chirac. Fin 2005, les militants socialistes se prononcent pour le «oui» par 58,62 % contre 41,38%. Au terme d’une campagne électorale que les socialistes ont affrontée dans la division, le résultat du référendum du 29 mai 2005 donne une nette victoire au «non» : 54,67 % contre 45,33 %.
Le congrès se tient en novembre 2005 au Mans, dans un contexte politique fort : des émeutes ont embrasé de nombreuses cités déshéritées de France. Cinq motions se sont présentées aux militants. La motion conduite par François Hollande l’emporte avec 53,5% des voix.
Après de longs débats, qui se prolongent tard dans la nuit de la commission des résolutions, le congrès s’achève sur une synthèse quasi générale, que refuse toutefois Arnaud Montebourg. Presque tous les courants du PS se retrouvent dans la direction pour préparer la présidentielle de 2007. François Hollande est réélu Premier secrétaire avec 77,13 % des suffrages exprimés.
À l’occasion du centenaire du PS en 2005, un film a retracé les grandes étapes de notre combat et les valeurs que nous portons. En voici une version courte, réalisée par un socialiste de la section de Berlin (Allemagne) :
2006 – 2008 : Campagnes électorales
Après une primaire rude et très médiatisée, Ségolène Royal obtient l’investiture présidentielle face à Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius dès le premier tour de scrutin militant.
Elle entame sa campagne par une phase d’écoute et de débats participatifs. En février 2007, elle en fait la synthèse : le «Pacte présidentiel» sera le socle politique de la campagne. Qualifiée pour le second tour avec 25% des voix, elle organise un débat télévisé avec François Bayrou pour discuter des points d’accord avec le leader centriste. Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy remporte l’élection par 53,06% contre 46,94% à Ségolène Royal.
Après cet échec, les électeurs de gauche se remobilisent toutefois au second tour des législatives le 17 juin 2007. Le PS obtient 186 députés sur 577, soit 46 de plus qu’en 2002. Des personnalités de la droite essuient des échecs : Alain Juppé est battu à Bordeaux par Michèle Delaunay.
Sur cette lancée, le Parti socialiste sort largement vainqueur des élections municipales de mars 2008. D’une part, les Français renouvellent leur confiance aux élus socialistes déjà en responsabilités dans les mairies. Plus encore, le PS conquiert de grandes villes : Toulouse, Amiens, Caen, Reims, Argenteuil, Reims, St Étienne, Saint Denis de la Réunion, Rouen basculent à gauche. Aux cantonales, la gauche gagne près d’une dizaine de départements. Elle dirige désormais 60% des villes de plus de 100.000 habitants près de 60 départements et 24 régions.
C’est tout le paradoxe de cette période : les socialistes ont perdu la présidentielle et le référendum européen il est vrai impulsé par Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing, mais ont remporté des victoires éclatantes lors des scrutins locaux.
Préparer le changement : 2008 – 2012
Après un congrès de Reims difficile (14 au 16 novembre 2008), que les socialistes ont abordé dans la division, Martine Aubry est élue Première secrétaire du PS. Aux élections européennes, elle met en oeuvre une limitation du cumul des mandats dans la désignation des candidats socialistes.
Mais à ces élections, le PS paie dans l’opinion la mauvaise image donnée aux Français pendant le congrès de Reims : les socialistes recueillent 16,6%, loin derrière l’UMP (27,8%) et sont talonnés par les Verts (EELV).
A l’Université d’été de La Rochelle, Martine Aubry engage résolument le parti sur la voie de la rénovation : elle annonce une consultation des militants sur le cumul des mandats et les primaires :
Le 1er octobre 2009, les militants approuvent à une très large majorité les propositions qui leur sont soumises. Le non-cumul des mandats sera la règle aux législatives de 2012 et le PS organisera des « primaires » ouvertes à tous, pour choisir son candidat en 2012.
Pour préparer ses propositions en vue de 2012, le PS organise le Tour de France du projet : des débats avec les Français sont organisés au cours des huit étapes. Le but : recueillir le diagnostic du plus grand nombre pour nourrir la réflexion des socialistes, et valoriser la France « qu’on aime ».
Fort de leur bilan dans les régions, les socialistes abordent les régionales de 2009 rassemblés. Engagés pour faire des régions des modèles de social écologie, le PS décline ses propositions dans son contrat socialiste pour nos régions et en 2010, la gauche remporte 24 régions sur 26, manquant le grand chelem métropolitain d’une région, l’Alsace.
Suite à cette victoire et pour préparer l’avenir, le PS mettra en place la même année quatre grandes conventions (Nouveau modèle économique, Rénovation, International et Europe, Égalité réelle), et de nombreux forums thématiques (sécurité, agriculture, ville du XXIe siècle, etc.). Le projet du PS sera finalisé dans une grande Convention en mai 2011.
2011 sera aussi l’année d’un nouveau succès électoral pour le PS et pour la gauche, à l’occasion des élections cantonales en mars, où la gauche progressera de quatre départements en en perdant qu’un seul.
Après ces victoires locales, majoritaire dans les régions, les départements et les villes de France, le Parti socialiste s’allie avec Europe Écologie Les Verts pour conquérir le Sénat. Pour la première fois, le Sénat aura une majorité de gauche et son président sera Jean-Pierre Bel jusqu’alors président du groupe socialiste au Palais du Luxembourg.
C’est également en 2011 que se tiendront les premières « primaires ouvertes » du Parti socialiste, qui verront 2,8 millions de Français se déplacer aux urnes. Le suffrage est remporté par François Hollande le 16 octobre, qui sera officiellement investi comme candidat des socialistes et des radicaux de gauche à l’occasion d’une Convention nationale d’investiture, le 22 octobre.
Le 6 mai 2012, François Hollande remporte l’élection présidentielle et le 17 juin, les Français lui donnent une majorité parlementaire en élisant 295 députés socialistes, républicains et citoyens.
Depuis 2012, redresser le pays, rassembler la gauche
Le 6 mai 2012, François Hollande est élu Président de la République avec 51,64% des voix. Il nomme Jean-Marc Ayrault Premier ministre d’un gouvernement où siègent socialistes, écologistes et radicaux de gauche.
Le gouvernement se met immédiatement au travail pour redresser la France, handicapée par une dette publique cumulée de plus de 1800 milliards laissée par la droite. Il faut passer la serpillère après le quinquennat Sarkozy, c’est la première étape du changement, une étape à l’époque sous-estimée et peu expliquée qui freinera considérablement le redressement du pays.
Lors du Congrès de Toulouse qui se tient les 26, 27 et 28 octobre de la même année, Martine Aubry quitte le poste Premier secrétaire du Parti socialiste après avoir réformé le parti en introduisant notamment le non-cumul des mandats et le principe des primaires citoyennes. Harlem Désir, premier signataire de la motion arrivée en tête avec 67%, est désigné pour lui succéder.
La gauche au pouvoir est sur tous les fronts : redressement productif et compétitivité de nos entreprises, soutien à l’emploi et au pouvoir d’achat, mariage pour tous, investissement éducatif, transition écologique et numérique, nouvelle organisation territoriale, droits nouveaux pour les salariés, relance européenne, diplomatie active. Mais, la crise est profonde, les contraintes fortes, les efforts demandés aux Français tardent aussi à porter leurs fruits.
Les élections municipales des 23 et 30 mars 2014 sont plus qu’amères pour les équipes municipales qui luttent au quotidien, sur le terrain pour plus d’égalité et de solidarité. La gauche perd 155 municipalités de plus de 9 000 habitants, dont 60 de plus de 30 000 habitants. Le Front national remporte une dizaine de municipalités pour y mener son méticuleux saccage social et culturel.
Suite à cette lourde défaite, le Président de la République décide de remanier profondément le gouvernement. Le 9 avril 2014, il nomme Manuel Valls à sa tête. Dans la foulée, Harlem Désir est nommé secrétaire d’État chargé des affaires européennes. Jean-Christophe Cambadélis le remplace à la tête des socialistes, élu lors du Conseil national du 15 avril. Il s’agit de « prendre la mesure du choc du 30 mars et d’y remédier ».
Les élections européennes des 22 et 25 mai 2014, mettent à nouveau en lumière la progression continue du Front national qui atteint le score inquiétant de 24,86 %. Le Parti socialiste n’obtient pour sa part que 13,98 %. Décidément, l’Europe est trop marquée par l’austérité pour se réconcilier avec les européens qui se réfugient de plus en plus dans le vote protestataire, ce qui profite avant tout au bloc réactionnaire, sur tout le continent, et dans une abstention massive.
Face à la situation, Jean-Christophe Cambadélis et le secrétariat national décident d’engager un profond travail de restructuration et de réorganisation de notre formation, en commençant par la refondation de notre identité. Le 6 décembre 2014, la nouvelle Charte de l’identité est adoptée au cours des États Généraux des socialistes. Nous sommes désormais les partisans de la social-écologie, nouvelle étape de la régulation indispensable des forces du marché.
L’année 2015 débute dans le drame. Les 7, 8 et 9 janvier le terrorisme djihadiste frappe notre pays et sa liberté chérie. Liberté de créer et de caricaturer, liberté de croire et de penser différemment. Les Françaises et les Ffrançais y répondront par la marche du 11 janvier, contre le terrorisme et pour la République, avec près de 4 millions de personnes dans les rues de Paris et de nombreuses villes de province.
Les élections départementales qui se tiennent les 22 et 29 mars 2015 marquent encore une progression du parti d’extrême droite, même si le second tour indique clairement que nos concitoyens hésitent toujours à confier des vraies responsabilités exécutives aux membres du Front national : alors que celui ci remporte 25,24 % des voix au premier tour, il ne gagnera aucun département à l’issue du second. Le Parti socialiste reste pour sa part à la tête de 33 conseils départementaux.
Le congrès de Poitiers organisé du 5 au 7 juin 2015 sera marqué du sceau de la volonté d’unité et de rassemblement. 60 % des militants se retrouveront dans la motion majoritaire « le renouveau socialiste » qui défend l’idée d’un soutien exigeant vis-à-vis du gouvernement et veut faire de la seconde phase du quinquennat celle de la redistribution. Le 28 mai, Jean-Christophe Cambadélis sera largement investi par 70% des militants. Ouverture avec un mode d’adhésion facilitée, modernisation et digitalisation de l’organisation du parti : le renouvellement des têtes et dans les têtes est en marche.
A l’approche des élections régionales des 6 et 13 décembre 2015, et tenant compte de la menace du Front national et du risque de fragmentation de la gauche, le Parti socialiste lance un référendum pour l’unité des forces de gauche et des écologistes, si possible dès le premier tour, les 16, 17 et 18 octobre. Le succès du réferendum est au rendez-vous et les principaux leaders des partis de gauche annoncent leur volonté de répondre à l’appel pour l’unité lancé par Jean-Christophe Cambadélis et donc au moins de fusionner les listes de gauche au second tour sans condition.
La campagne des régionales débute à peine que l’horreur s’empare à nouveau de notre pays. Le 13 novembre, un commando armé de Daech sème la mort et frappe la France et Paris en plein cœur. Le choc est immense, le bilan est terrible : 130 personnes sont assassinées et plus de 350 blessées. L’état d’urgence est décrété. La France est en guerre.
Dans un climat tendu et en plein état d’urgence, la gauche rassemblée autour du Parti socialiste parvient à conserver 5 grandes régions sur 13, et surtout à empêcher l’extrême droite d’accèder à la moindre responsabilité exécutive territoriale. Le rassemblement est bien la seule stratégie qui permette à la gauche de gagner.