1) Dans un contexte de crise économique, sociale, démocratique, climatique, de guerre en Europe, qui plonge le monde et notre pays dans une grande instabilité et un avenir de plus en plus chaotique, après une élection présidentielle au débat tronqué sur les projets, les élections législatives sont une défaite pour Emmanuel Macron dont le Parti est arrivé en tête mais n’a pas de majorité parlementaire. C’est malheureusement aussi une victoire pour le Rassemblent National (RN) qui devient le 1er groupe d’opposition, alors que l’abstention a encore battu des records en particulier dans la jeunesse où seulement 30% des 18-35 ans ont voté.

 

La gauche dans son ensemble a obtenu 30% des suffrages, 70% des électeurs qui se sont exprimés ont voté à droite ou à l’extrême-droite. 

 

Alors que les inégalités n’ont cessé de se creuser depuis 5 ans, que la majorité de nos concitoyens n’arrive plus à vivre dignement de son travail, notre électorat ne supporte plus la division et a de nouveau manifesté sa volonté d’unité exprimée déjà par un « vote utile » pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Le pays n’a cependant pas été convaincu par une campagne matricée, dirigée et incarnée par Jean-Luc Mélenchon et LFI, dont la figure et l’orientation politique et idéologique ne peuvent pas rassembler tout l’électorat de gauche et encore moins au-delà pour faire une majorité. 

 

C’est le plafond de verre de la Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale (NUPES), qui pourtant a suscité un espoir significatif dans une partie non négligeable du peuple de gauche. Cette limite s’est manifestée dans plusieurs circonscriptions qui auraient pu être gagnées avec des candidat•es socialistes mieux implanté•es et plus en phase avec la diversité de l’électorat de gauche, en particulier face aux candidat•es RN, ou comme à Paris dans la 7ème circonscription. 

La radicalité nécessaire des transformations sociales et écologiques ne peut être confondue avec le populisme qui en est son dévoiement. Nous devrons démontrer que notre projet de transformations radicales nécessaires qui s’oppose au libéralisme macroniste, ne cédera rien sur nos valeurs fondamentales républicaines, laïques et humanistes, européennes et internationalistes, face au populisme. 

 

Cela prend d’autant plus d’importance que nous entrons dans une période de très fortes tensions sociale et démocratique, qui pourrait conduire à une nouvelle élection à court ou moyen terme, et qui en l’absence de proposition alternative de la gauche, juste, stable, rassembleuse et cohérente, pourrait conduire notre pays accablé à plébisciter l’ordre par un vote encore plus important pour l’extrême-droite de Marine Le Pen largement banalisée et institutionnalisée par le pouvoir en place.

 

 

2) Notre lourde défaite de l’élection présidentielle qui venait après celle de 2017 alors soutenue par les écologistes, malgré la candidature courageuse et combattive d’Anne Hidalgo, porteuse de notre projet socialiste élaboré sous la direction de Boris Vallaud et de Mathieu Klein, candidature proposée au congrès par Olivier Faure et son texte d’orientation, puis investie très majoritairement par les adhérents de notre Parti face à celle de Stéphane Le Foll, a révélé que nous n’avions toujours pas reconquis la confiance du peuple de gauche qui est resté très marqué par sa perception négative du quinquennat de François Hollande. 

 

Nous n’avons donc pas réussi pendant ces 5 dernières années à démontrer que nous avions tiré le bilan, et que nous avions une nouvelle proposition et de nouvelles équipes pour l’avenir, dignes de confiance, pour la  transformation sociale et écologique nécessaire à la France. 

 

Dans ce contexte très difficile, l’élection législative était une épreuve supplémentaire à affronter pour notre parti avec le risque de ne plus pouvoir disposer d’un groupe à l’Assemblée Nationale.

Dans la droite ligne de la proposition d’Anne Hidalgo qui avait très tôt porté cette nécessité de l’unité en proposant une primaire ouverte et loyale pour désigner une candidature unique à la présidentielle, notre fédération a soutenu la volonté d’unir la gauche et les écologistes dans toutes ses composantes et de donner un mandat à la direction pour trouver un accord  électoral de coalition réalisant cette unité, respectant notre identité politique autonome et nos implantations locales. 

 

Malheureusement, l’accord signé ne nous a permis d’être présents avec des candidat•es socialistes que sur 10% du pays, et à Paris et comme dans d’autres territoires, notre implantation a été niée, nous avons été injustement écartés de toutes les circonscriptions gagnables, y compris de celle où nous avions notre députée sortante. 

 

3) Nationalement, nous avons cependant réussi à maintenir notre groupe à peu près au niveau de celui de 2017 avec 31 députés en comptant nos apparentés. Nous félicitons nos élu•es qui auront la lourde tâche de nous représenter avec nos 64 sénatrices et sénateurs au Parlement.

Le Pôle Ecologiste multiplie sa représentation nationale par 10, LFI, elle, par près de 5 (par 7 à Paris), et a ajouté à son leadership électoral, issu de la présidentielle, un leadership politique et idéologique sur la gauche. 

 

A Paris, notre fédération qui est restée unie dans la tempête, a été digne et exemplaire. Malgré le traitement que nous avons subi dans l’accord tel que signé, nous avons contribué à faire gagner la gauche et les écologistes en retirant tous nos candidates et candidats pourtant déjà parti•es en campagne, et en mobilisant face à la droite LREM et LR qui, avec Rachida Dati, sont les grands perdants de ce scrutin dans la capitale. 

Nous avons surtout mené 3 belles campagnes avec des candidates que nous félicitons, des femmes combattives qui avec ou sans la NUPES ont toutes accédé au 2ème tour, incarnant bien notre nouvelle génération politique avec laquelle nous voulons construire l’avenir à Paris. 

Nous avions une grande majorité de femmes candidates dans les circonscriptions gagnables avant l’accord, et 100% présentées au suffrage après l’accord.  Nous appelons d’ailleurs notre parti à réagir face à la régression constituée par notre faible représentation de députées (36%), et soutenons la proposition de Gabrielle Siry de modification des statuts permettant la parité dans les circonscriptions gagnables, y compris après des accords éventuels.

 

4) Dans l’intérêt du pays et de la gauche, pour rendre une alternative possible à la droite et à l’extrême-droite, nous devons maintenant nous employer, tout en recherchant sincèrement l’unité d’action, à construire un autre leadership à gauche, une nouvelle force politique de gauche sociale et écologiste, par la confrontation d’idées et le débat démocratique, et l’affirmation de nos valeurs et positions distinctes. 

C’est ce qu’ont commencé à faire avec force nos présidents de groupe Boris Vallaud et Patrick Kanner dans leurs discours en réponse à la déclaration de politique générale de la 1ère Ministre, en posant les bases de notre opposition mais aussi de nos propositions au Parlement pour le pays dans la situation difficile que vivent nos concitoyen•nes.

C’est aussi ce que résume bien ainsi la tribune de maires socialistes parues dans le journal Le Monde du 9 juillet 2022 :

« Nous portons la République sociale. Nous portons la République écologique. Nous portons la République des libertés, laïque, féministe et de la lutte contre toutes les discriminations. Nous portons la République démocratique et des territoires. Nous portons la République avec, dans, et par l’Europe. 

Nous portons la République internationaliste. Nous ne transigerons pas sur le soutien sous toutes ses formes à la démocratie en Ukraine et dans le reste du monde. Les combats pour le climat, pour la justice sociale et pour la paix sont indissociables de la résistance à la guerre déclarée à la démocratie. Loin du dirigisme, de la verticalité et de la centralisation, nous voulons construire les transformations sur la confiance avec les citoyens, les associations, les collectifs, les syndicats, les entreprises, sur les territoires où ils vivent et agissent, dans le cadre d’une décentralisation approfondie et clarifiée, avec un Etat qui retrouve la puissance et la capacité à agir, qui anime et accompagne, tourné vers la satisfaction des besoins des citoyens. »

Nous devons aussi rester prêt•es à l’éventualité d’une nouvelle élection avant le terme du mandat, mais nous affirmons dès aujourd’hui qu’en aucun cas nous n’accepterons un accord d’union sur les mêmes bases politiques et arithmétiques, avec la seule reconduction des sortant•es, qui reproduise les mêmes déséquilibres à notre détriment. 

 

5) Dans cette situation politique et face aux enjeux immédiats, notre fédération qui porte cela dans son ADN, défendra l’esprit de l’union et la fera vivre, en proposant à tou•tes nos partenaires l’action commune.

a) Nous leur proposons de construire ensemble une campagne de sensibilisation contre la banalisation et l’institutionnalisation du RN.

b) Nous demandons, à l’initiative de Raphaël Bonnier, à nos groupes parlementaires et à notre parti de proposer à toutes les forces de la gauche un référendum d’initiative partagée pour l’ISF climatique au programme de tous nos candidat•es à la Présidentielle, et de mener ensemble la campagne pour obtenir les 4,7 millions de signatures de citoyen•nes pour sa concrétisation.

c) Nous participerons activement aux campagnes de solidarité avec le peuple ukrainien face à Poutine, pour l’accueil des réfugié•es, l’envoi d’armes pour qu’il puisse se défendre, et en soutien à sa demande d’adhésion à l’Union Européenne.

d) Nous porterons activement avec nos partenaires, dans des cadres ouverts et citoyens, divers et appropriés, les politiques publiques de justice sociale, de transformation radicale pour le climat et d’innovations démocratiques audacieuses, que nous menons en commun avec la majorité de gauche et écologique municipale avec la maire de Paris Anne Hidalgo et nos maires d’arrondissements. Pour impulser ce combat, nous mettrons en place une coordination étroite avec le Groupe « Paris En Commun » du Conseil de Paris afin en particulier de mobiliser dans nos quartiers et sur les réseaux sociaux les Parisiennes et Parisiens pour soutenir les projets municipaux de transformation et riposter aux vastes campagnes de désinformation à l’œuvre de la part des oppositions et de leurs relais médiatiques. Nous procéderons à une analyse fine des derniers scrutins électoraux, et —avec les Parisiennes et les Parisiens— à une étude de l’évolution sociologique et culturelle dans chaque arrondissement, afin de répondre au mieux aux attentes de nos concitoyen•nes pour continuer à porter leurs nouvelles dynamiques et aspirations.

 

6) Le pays a besoin de solutions énergiques et audacieuses sur le plan social, écologique et démocratique, mais a besoin tout autant de boussole idéologique et culturelle.

Pour nous réarmer politiquement et idéologiquement, nous renforcerons nos propositions de débats en commun avec les forces vives de Paris, syndicalistes, associatifs, intellectuels et universitaires. 

L’Académie Socialiste, inaugurée par Lionel Jospin, reprendra ses formations et ses travaux dès la rentrée, et le 3 septembre nous ferons une grande Université d’été de la Fédération pour prolonger les Rencontres de Blois auxquelles nous appelons les militant•es et les sections à participer le plus massivement possible en aidant financièrement et matériellement toutes celles et ceux qui en ont besoin.

 

7) Pour cela, pour affirmer notre propre identité, nous relançons la campagne d’adhésions que nous avions commencé en nous inscrivant dans celle que le Parti a engagé nationalement. 

Après la rénovation réussie de notre site qui doit encore développer ses outils, nous mettons en place une équipe autour de nos secrétaires fédéraux chargée de proposer dès la rentrée de septembre un nouveau plan de communication offensive et participative sur tous les réseaux sociaux et sur le net pour que nos messages soient plus largement entendus et débattus.

Nous voulons nous ouvrir plus largement, inciter tous les militantes et militants à s’immerger dans les mouvements sociaux et sociétaux, nous voulons additionner et non soustraire, faire adhérer et non exclure, et nous appelons notre Parti à l’unité par le renforcement du débat démocratique libre et organisé en son sein et par une gouvernance qui associe davantage  à la délibération toutes les instances fédérales et nationales, qui sont le gage du respect nécessaire des décisions majoritaires. 

Comme à son habitude, notre fédération contribuera ainsi, par le débat serein et les propositions constructives, à un Congrès utile pour les socialistes, pour la gauche, et pour notre pays.

 

Résolution du bureau fédéral de la fédération de Paris du Parti Socialiste adoptée le 11 juillet 2022

 

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